Un petit coin de paradis Version imprimable


Vous révez d'une visite dans l'une des plus grandes porcheries industrielles de France?
Le rêve; d'immenses bâtiments borgnes, éclairés pas la seule lueur des néons. Plus de litière mais des callebotis sur lesquels les porcs s'esquintent les pattes. Pourquoi des callebotis? parce que l'espace entre les lattes de bois ou parfois de plastique permet aux déjections des porcs de tomber en dessous. D'ailleurs, l'odeur n'est pas très agréable, imaginez une poussière terrible et des kilos et des kilos de déjections de porcs baignant dans des litres et des litres d'urines juste sous vos pieds. Un ronronnement continue provoqué par la ventilation; l'air est filtré en permanence pour éviter les maladies respiratoires dûes à un air confiné, chargé d'ammoniac, de fermentation d'excréments et de squames de peau causés par les frottements des bêtes les unes contre les autres.
Un air irrespirable et une température élevée. Pourquoi? Pour que les bêtes ne dépensent pas leur énergie à se réchauffer plutôt qu'à grossir.
De plus, le porc vit dans le noir. Les néons sont allumés que lorque l'éleveur débarque pour lui administrer des médicaments ou pour s'assurer que la tuyauteries qui parcourent les bâtiments a bien desservi à heure exacte et à chacun sa ration de nourriture.


Pour l'entre des verrats, équipez vous: il est impossible d'y entrer sans avoir pris un maximum de précautions sanitaires. La sélection génétique a rendu ses bêtes extrémement fragiles mais le jambon est plus développé, la longe qui permet de faire les carrés, les côtes, l'échine et le filet mignon aussi...mais les organes vitaux ont été sacrifiés.
De plus, finie pour lui la saillie de la truie! Son petit coeu ne résisterait pas. Il devra se contenter des douces mains du porcher. En effet, toutes les trois semaines, la précieuse semence est ainsi prélevée, tamisée, réfrigérée et enfin répartie en petite doses nécessaires à l'insémination des truies. Malheureusement la douce main du porcher pourrait bientôt laisser place à une magnifique vaginette isotherme en silicone reliée à une trayeuse à sperme électronique appelé Collectis. C'est beau. Il faut préciser que le Verrat (donneur de sperme) n'a pas la même vie que le souffleur. En effet, on ne se sert que du souffleur pour savoir quelles truies sont en chaleur. Une fois repérées et marquées, on amène les truies à inséminer et on le remet dans sa case.

Une France qui aime ses cochons! Version imprimable


"L'élevage porcin, c'est l'industrie lourde de l'agriculture", déclame le vice président de la Cooperl Arc Atlantique, Patrice Drillet. Jamais entendu parler de la Cooperl Arc Atlantique? Mais si, rappelez vous! C'est cette coopérative qui abat plus de 5 200 000 porcs par an, soit 20% de la production porcine française à elle seul. Chaque semaine, 100 000 porcs, soit 1 toutes les six secondes.
En quarante ans, l'héxagone, pas peu fière de ses porcs, a employé de grands moyens pour industrialiser ses élevages. Certes, nous avons divisé le nombre d'exploitations agricoles par 50 (de près de 800 000 en 1968 à 15000 aujourd'hui) tout en multipliant par deux le bétail, mais d'après les paysans convaincus, il fallait bien ,un jour ou l'autre,quitter l'univers archaïque de l'élevage en plein air. Les petits cochons ne sont plus libre de déambuler dans leur petite cours sous un beau soleil: ce sont des clichés qui appartiennent maintenant à un petit paradis qui n'est plus à la mode.
L'avenir du porc était tout tracé, il devait se moderniser, s'adapter ou mourir; bref, survivre.
On devait uniformiser tout cela en jetant aux oubliettes les dizaines et dizaines de races rustiques qui existaient encore au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd'hui, nous avons le choix entre 4 espèces, pas une de plus: Landrace, Piètrain, Duroc et l'énorme Large White. Ce dernier étant très intéressant de point de vue génétique, en effet, il est issu de croisements entre porcs blancs du yorkshire et races chinoises qui ont été choisies pour la finesse de leur squelette(plus de viande que d'os) et pour leur aptitude à un engraissement rapide mais aussi pour leurs célèbres truies hyperprolifiques.
Le Larousse agricole de 1952 parlait encore avec fierté des races boulonnaise, normande, bressane...chaque région, peut être même chaque commune avait ses propres races. Les laboratoires de génétique n'avaient pas encore pris le contrôle de tout l'héxagone et du monde entier.
Pour les truies, la belle et douce Naïma de chez Pen Ar Lan est la petite préfèrée; connue pour ses qualités maternelles et sa qualité de carcasse. Naïma, prénom arabae signifiant la douceur du paradis. Heureuse? Je ne pense pas, malgré son instinct maternel particulièrement développé. Mais rappelons une chose, l'instinct maternel, chez une truie, signifie une prolificité exceptionnelle, des venues en chaleur très marquées, un ISSF court (intervalle de sevrage de saillie de fécondation, en d'autre terme, l'intervalle entre le sevrage des porcelets et la nouvelle saillie fécondante qui est ici de 6 jours maximum), mises bas rapides, excellente production laitièren très bonne qualité des tétines. Bref, ces supertruies sont récompensées au SPACE(Salon international de l'élevage).

Conséquences environnementales Version imprimable

 
L’élevage est au cœur d’un système complexe. En effet, s’il faut de plus en plus de bétail pour la consommation humaine, il faut également cultiver de plus en plus de végétaux pour nourrir ce bétail, et de plus en plus d’eau et d’engrais pour faire pousser ces végétaux. Ainsi, l’élevage représente 70% de la consommation d’eau en France, en particulier à cause des plantations de maïs grandes consommatrices d’eau qui lui sont destinées ! L’activité agricole française représente, pour la seule irrigation, la moitié de la consommation annuelle en eau, et jusqu’à 80% de la consommation estivale et plus de la moitié de la surface irriguée est dédiée à la culture du maïs.
 

Cette irrigation entraîne une pollution d'eau liée a l'agriculture et aux élevages intensifs. Leurs effets se cumulent pour polluer notre environnement et en particulier les eaux (souterraines et de surface). Dans le rapport ministériel « agriculture et environnement » paru en 2005, il est écrit que la contamination des eaux par les pesticides est préoccupante. Et en effet, il y est précisé que : « 46 % des points surveillés en rivière dépassent ainsi le seuil officiel de potabilité qui est de 25 % pour les eaux souterraines. »
Cela contribue au réchauffement de la planète
La pollution des eaux n’est malheureusement pas le seul problème. L’air est aussi pollué. Le rapport ministériel « Agriculture et environnement », indique ainsi que certains produits phytosanitaires employés sont à l’origine de pollutions ponctuelles, mais surtout que 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre sont le fait des élevages et de la dégradation des engrais minéraux : « Les activités agricoles constituent en effet la principale source de production et d’émission de protoxyde d’azote (76 % des émissions nationales) et de méthane (70 % des émissions nationales) ».

L'élevage et ses conséquences sanitaires Version imprimable

 
Si l’élevage a marqué une étape cruciale dans le développement de l’espèce humaine, ses dérives contemporaines risquent bien d’en amorcer le déclin. One Voice dénonce l’élevage industriel qui met en danger animaux, humains et même la planète toute entière…
 
Tout d'abord, un problème de santé public ; les nutritionnistes vous le dirons notre consommation en viande est beaucoup importante dans les pays occidentaux. Cette consommation engendre de nombreux problèmes de santé comme un risque élevé d'accidents cardio-vasculaires. Malgré tout ce besoin ne cesse d'augmenter. Cependant ce type d'élevage a un grave problème tout aussi important qui concerne les risques sanitaires dont les maladies graves ( maladie de Creutzfeldt-Jakob qui affecte le cerveau et plus généralement le système nerveux) et autres infections encore inconnus qui sont surveiller.
 
Pour répondre à la demande des consommateurs, l’élevage a dû changer. Son objectif est de produire le plus possible, le plus rapidement et à un moindre coût. C’est donc développée une forme d’élevage, intensif, l'élevage hors-sol. Mais les lois du marché ne prévoit pas tout , et en « produisant du vivant » on touche à un équilibre fragile.
Le temps et la rentabilité sont des facteurs importants et donc qui doivent être pris en compte. Les animaux doivent occuper le moins longtemps possible les locaux, et donner le moins de travail, question de rentabilité. Dans les élevages de volailles, les poussins de chair sont donc élevés en seulement 41 jours. En résulte pour le consommateur une viande certes à un prix accessible, mais de médiocre qualité, peu goûteuse, et réduisant fortement à la cuisson ce qui n'est pas fait pour satisfaire le consommateur. Dès lors un critère de qualité devient la durée d’élevage avant abattage (81 jours par exemple pour un label rouge).
Chez les éleveurs de bovins, une pratique courante, en particulier depuis l’interdiction des anabolisants (en 1988), consiste à faire saillir les femelles de réforme (issue des troupeaux laitiers et allaitants, donc amaigries) trois mois avant l’abattage pour en stimuler la croissance (l’engraissement). Pourtant les scientifiques doutent d’un effet réel de la gestation à ce stade. Les femelles de réforme représentent un tiers de la viande bovine en Europe, et plus de la moitié (54,3%) en France.

Conséquence sur la santé de l'animal; celle-ci est en danger car l’élevage intensif a des conséquences non négligeables sur leurs santés. Le contrôle strict de la qualité de l’air et de la température, par exemple, n’est pas possible. En 2003, au moins 2 millions de poulets et 35 000 porcs sont morts de chaleur suite à une canicule…
Et que peut-on penser également des brûlures dues au lisier, conséquence d’une litière qui n’est pas changée pendant la phase de croissance des poussins ? Les poulets de chair quant à eux, voient leurs muscles se développer trop vite. Leurs pattes et même leur cœur ont dû mal à suivre… En résultent de nombreux accidents cardiaques, et des problèmes douloureux aux pattes (déformations, fractures …). En outre, les organismes, ainsi affaiblis, sont particulièrement sensibles aux germes. Ces élevages sont donc de potentiels foyers épidémiques particulièrement dangereux… Les antibiotiques y ont été largement utilisés à titre préventif, curatif, mais aussi ,jusqu’en 2006 , comme stimulateurs de croissance. Ils ont ainsi contribué à la sélection de souches bactériennes résistantes, non seulement chez les volailles ou les porcs, mais également chez l’homme…
Le comportement de l’animal est ainsi lourdement affecté dans les élevages intensifs. Ses besoins fondamentaux en termes de comportement ne sont pas pris en compte. Les poules pondeuses son enfermées dans de très petites cages où elles ne peuvent pas bouger, les truies ne peuvent se soustraire à leurs petits qui cherchent sans arrêt à téter, les veaux sont tenus dans un état anémique (pour que leur viande soit blanche) et loin de leur mère.
Les animaux subissent stress et souffrances multiples. Et ainsi, ils luttent pour leurs survies à l’égard de leurs congénères en s’automutilent par ennui ou frustration. La réponse des éleveurs est troublante : le picage chez les poulets, le débecquage ; les manifestations agressives des bovins, l’écornage et la pose d’œillères… Les manifestations physiologiques s'éternisent : diminution de l’appétit et de l’activité génésique, affections cardio-vasculaires…

Vers un avenir incertain

Si l’élevage a longtemps était bénéfique à l’homme, la façon dont il est pratiqué aujourd’hui lui nuit énormément. L’homme est affecté par les conséquences désastreuses des pratiques contemporaines, mais d’autres espèces animales le sont également, ainsi qu’à une plus grande échelle, la planète elle-même. C’est une véritable catastrophe écologique! De plus, le manque de morale dont l'Homme fait preuve dans le traitement des animaux « de rente », est non seulement inadmissible mais aussi épidémique.

Rappelons pour conclure, cette citation de Marguerite Yourcenar :
« Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme que parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, s’il faut toujours tout ramener à nous-même, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures, si nous n’avions pris l’habitude des fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l’abattoir. »